Au Maroc, la politique de science s’est développée en pointillé depuis 1990 dans un contexte de déficit des organes de gouvernance, d’instabilité institutionnelle et a été accompagnée par l’entrée en jeu de nouveaux acteurs. Dans ce contexte l’évaluation a été associée aux outils de coordination des activités scientifiques sur la base de la vision proposée par le ministère délégué à la recherche dès sa création dans les années 2000. La construction d’un cadre institutionnel pour, d’une part, structurer les activités scientifiques à l’intérieur des universités et, d’autre part, favoriser les relations entre université et secteur productif a été la principale recommandations de la première évaluation du SNR en 2003. Certes, les initiatives prises depuis le milieu des années 1990 avaient permis une reconnaissance accrue du rôle de la recherche scientifique dans l’économie, mais l’urgence de la réforme de l’éducation dans l’agenda a rétrogradé la priorité qui venait d’être accordée à la recherche et fragilisé sa structuration. Parallèlement, le processus de modernisation du secteur productif national a fait émerger une politique d’innovation, essentiellement animée par le ministère de l’Industrie et laissant à la marge le processus de structuration de la recherche à l’université.
Depuis la politique de science est partagée en trois orientations : soutenir une recherche autonome, faire de la recherche un soutien pour la formation et/ou faire de la recherche un levier pour le développement économique. Ceci pose la question de l’évaluation et du rôle qu’elle peut jouer dans la structuration de la politique de sciences.
L’objectif de notre intervention est de revenir sur les expériences des évaluations du SNR depuis le projet européen d’évaluation du SNR marocain dans les domaines des sciences exacts, sciences de la vie et sciences de l’ingénieur (2002-2003) (coord. R. Waast, IRD) jusqu’au projet de jumelage recherche Maroc-Union Européenne (coord. Jacques Gaillard, IRD) pour comprendre comment l’évaluation a été associée à la politique de science au Maroc. Nous nous intéresserons en particulier à la place qui lui a été accordée dans les organes de gouvernance et analyserons les méthodes suivies, les instruments mis en place ainsi que les impacts que ces évaluations ont eu dans la structuration de la politique de la science et de l’innovation depuis le début des années 2000.